BOLIVIE
"Du pays des Gauchos au pays du Ponchos"
Et voila ! Au bout de deux heures d’attente à la frontière, nous faisons notre entrée en Bolivie le passeport fraîchement tamponné. L’animation dans les rues de la ville bolivienne de Villazón contraste avec le calme qui régnait à La Quiaca. Et rien qu’à l’allure différente entre les deux gares routières de part et d’autre de la frontière, on mesure l’écart de niveau de vie extrêmement important entre la Bolivie et l’Argentine.
Photos panoramiques des l'altiplano Bolivien.
Les vieilles dames boliviennes portent l’habit traditionnel : un chapeau melon, une paire de deux longues nattes nouées en bas pour les rendre indissociables, des jupons lourds et volumineux… Nous sommes maintenant entrés au cœur du pays Quechua dans le pays le plus indien d’Amérique du Sud. Nous sommes passés du pays des Gauchos au pays du Poncho !
Scènes de vie dans les rues de Tupiza et Villazon
Nous continuons toujours vers le Nord en direction de Tupiza. Les 2H30 du bus qui séparent Villazón de Tupiza semblent interminables. Pas de route goudronnée dans le sud bolivien ! La poussière de la piste s’engouffre dans les moindres recoins du bus qui vibre de tout son long à chaque bosse rencontrée sur la piste. Et l’on croit vraiment à chaque instant que cette vieille carcasse va finir comme la voiture de Bourvil dans le Corniaud. Mais les paysages traversés sont si beaux !
Arrivée dans la petite ville de Tupiza en fin d’après midi, au moment où le soleil couchant fait rougeoyer les montagnes de couleur ocre entourant la ville. Nous ne sommes pas tentés par la petite piscine découverte de l’hôtel : c’est qu’il commence à faire vraiment frisquet à 3200 m d’altitude et nous sommes au début de l’hiver en ces latitudes australes.
Les couleurs de la cordillère des Andes en Bolivie
Après une longue grass mat’ , ballade dans les rues de Tupiza. Montée à la colline du christ El Mirador avec un beau point de vue sur toute la vallée de Tupiza. Les montagnes sont d’un rouge incroyable !
Petit arrêt à la poste principale de Tupiza où nous sommes accueillis au pied levé par la postière et sa souriante adjointe. Bien qu’un peu plus moderne que la poste de Chame au Népal, le décor est vraiment d’un autre âge ! Un petit rondin en bois de cactus pour humecter les timbres, des cartes postales en exemplaire unique … et pas de boîtes aux lettres. En dehors des heures d’ouverture, il faut glisser les cartes postales sous la porte. Mais interdit de se moquer ! Car la poste de Tupiza est la plus rapide d’Amérique du Sud. Les cartes postées ici arriveront bien avant celles postées d’Argentine et du Chili ! Dommage qu’il n’y ait plus le timbre collector Evo Morales…
Lamas dans la quebradas de Palala. environ de Tupiza.
Dans l’après midi, nous prenons un taxi pick-up qui nous amène par une magnifique route de montagne à El Sillar dans les environs de Tupiza. On flirte cette fois avec les 4000 mètres d’altitude et le souffle manque un peu dans les montées. Mais le panorama est exceptionnel : des montagnes rouges et vertes d’un côté, des orgues de sables et pics ocres de l’autre.
Sur le chemin du retour le long de la Quebrada de Palala, nous croisons de nombreux troupeaux de lamas altiers et un superbe condor … trop rapide pour être capturé dans l’objectif photo. Montée à nouveau à El Mirador Del Tupiza pour le coucher du soleil au moment où la jeunesse de Tupiza vient s’y promener en amoureux. Bonne pizza « à la bolivienne au dîner ».
Paysages de l'altiplano entre Tupiza et Uyuni
Début de notre périple de quatre jours sur les routes de l’Altiplano Bolivien, un immense plateau d’altitude cerné de tous côtés par les sommets de la cordillère des Andes. Quatre jours de paysages époustouflants, incontestablement le clou du voyage en Amérique du Sud ! Avec comme musique d'ambiance Lo Mejor de Los Kjarkas ! La piste longe des ravins vertigineux et serpente entre les montagnes et les volcans parés à leur sommet d’une fine couche de neige.
Après un pique-nique dans le lit d’une rivière asséchée, nous gagnons la ville d’Atocha perdue au milieu de nulle part, avec son Cessna en équilibre sur un poteau de la place centrale, ses petites maisons colorées toutes droit sorties d’un western de Sergio Leone et son cimetière de mineurs. La gare ferroviaire vaut aussi le détour. Vraiment une impression de bout du monde !
La ville de Tupiza au coucher du soleil.
UYUNI - Après une longue ligne droite sur le plateau d’altitude, nous arrivons dans la ville fantomatique d’Uyuni. Atmosphère austère et dépouillée, même avec les rayons du soleil couchant venus dorer les façades des maisons. La ville aux rues en damier balayées par les vents semble bien assoupie en cette fin d’après midi. Elle se remet de deux jours de fête célébrant l’anniversaire de sa fondation. Le président Morales y est même venu en personne avec son hélico !
Le train le plus haut du monde ?
En bordure d’Uyuni, de vieilles locomotives toutes rouillées et en lambeaux s’entassent dans un stupéfiant cimetière de trains. Décor post -apocalypse nucléaire !
Nous passerons la nuit dans un bled encore plus paumé qu’Uyuni, à Colchani dans un petit village aux portes du Salar. Hébergement dans un « Hostal del Sal », une maison construite entièrement en sel ! Le froid arrive d’un coup avec le crépuscule. On risque de se cailler en plein hiver à quelques 3700 mètres d’altitude sur un plateau ouvert à tout vent. Bien sûr, inutile de préciser que la maison de sel n’est pas chauffée. Il paraît que le salar d’Uyuni est l’un des endroits les plus froids du monde, même aux dires d’amis pourtant peu frileux. Une vraie petite Sibérie ! Finalement sous le duvet et la pile de couvertures, on dort très bien !
Petit conseil aux voyageurs : évitez de trop boire le soir, car devoir se relever en pleine nuit pour aller aux toilettes extérieures par – 15°C, c’est pas cool … Nous buvons notre première série de maté de Coca, ce qui nous réchauffent bien ! Spaghettis à la bolivienne au dîner ! Humm ! Notre cuisinière Flavia est une magicienne.
En direction d'Uyuni !
Réveil très matinal pour assister à un spectacle extraordinaire : le lever de soleil sur le Salar d’Uyuni. Vraiment magnifique. Les couleurs sur le désert de sel change à vue d’œil : bleu, rose puis blanc … La surface du salar est recouverte d’une multitude de cristaux de sel prenant des formes hexagonales. Grand comme deux départements français, le désert de sel est d’une pureté incroyable. Horizon à l’infini d’une platitude parfaite. Une ligne si droite qu’elle laisse apercevoir la courbe de notre planète. Notre guide Willy va chercher à mains nues des cristaux de sel dans les Oros de Agua : petits puits dans le salar remplis d’eau glacée.
Premières lumières de l'aube sur le salar d'Uyuni
Lever de soleil sur le salar d'Uyuni
Au cœur du Salar d’Uyuni trône une île superbe recouverte de cactus gigantesques : Isla Inca Huasi. Magnifiques vues sur le salar depuis le sommet de l’île. Les cactus poussant seulement d’un petit centimètre par an, certains dépassent les 10 mètres set sont donc vieux de près de mille ans ! Bien avant les Incas, avant même la construction de Notre Dame ! Petit dej copieux sur les bords d’Inca Huasi.
Isla Inca Wasi au coeur du salar d'Uyuni
Le reste de la journée est consacré à la visite de quelques petits « musées » locaux construits et tenus par les indiens de la région grâce à un système de micro-crédit : « La Gruta de Las Galaxias » avec ses algues fossilisées et une autre petite grotte où se mélange des momies incas, divers poteries et des souris – tapirs empaillées. La clé du cadenas de la porte du musée étant perdu, le propriétaire du lieu a dû scier le cadenas ! Un peu plus loin, visite d’autres tombeaux Incas.
A la recherche d'un peu de sel pour le déjeuner !
Nous passons une seconde nuit en bordure du Salar mais sur la rive sud cette fois, à Atullcha dans les environs de San Juan. Petite promenade dans l’après midi sur les collines dominant le Salar. JJ commence à avoir sérieusement le mal de l’altitude et ne pourra rien avaler du succulent dîner préparé par Flavia et Anna à base de viande de Lama et de frites maisons. Le maté de coca semblant trop timoré et le Diamox ne faisant guère d’effet, il faut passer à la vitesse supérieure avec la « Poupoussa », une plante aux vertus médicinales censées apaiser le mal des montagnes.
Nouvelle nuit dans un Hostal del Sal un peu plus « confort » que la veille. Il y a même une douche presque tiède. Le vrai luxe !
L'altiplano bolivien, terre de volcans
Nous prenons la route en direction du Sud et gagnons progressivement de l’altitude. Le cap des 4000 mètres est franchi dans le courant de la matinée. Nous entrons maintenant dans la région bolivienne du Sud Lipez. Nous longeons la frontière avec le Chili et une succession de volcans comme le volcan Ollague toujours en activité duquel s’échappe des fumerolles bouillonnantes Après le salar de Chiguana, nous arrivons aux premières lagunas : superbes lacs d’altitude bordés par des montagnes aux couleurs extraordinaires.
La laguna Minilques au petit matin.
Chaque lagunas est de couleur différente, et certaines sont un véritable petit paradis pour la multitude de flamands roses venus s’y nourrir. Les lacs se succèdent au gré des cols, tous plus magnifiques les uns que les autres : lagunas Canapa, hedionda, Charcota, Honda et Ramadias … Pique nique au bord d’une des lagunas juste avant d’entrer dans la Reserva Nacional de Fauna Andina Eduardo Avaroa.
Les flamands roses n'ont pas le mal de l'altitude !
Les territoires sauvages du Sud Lipez en Bolivie
Après avoir traversé le Desierto de Siloli, l’Arbol de Piedra et autres curiosités géologiques, nous arrivons en milieu d’après midi sur les bords de la Laguna Colorada dont la couleur de l’eau est rouge comme le sang. Le phénomène est provoqué par des algues microscopiques réagissant à la lumière du soleil. Le spectacle de cette lagune entourée de volcans mythiques est irréel. Les flamands roses virevoltent dans les airs au dessus de la Laguna.
Les lagunas Minilques et colorada en photos panoramiques
Nuit en refuge à 4 300 mètres, dans un décor de volcans rougeoyants dignes de la planète Mars ! Pas question de s’aventurer dehors une fois la nuit venue car le thermomètre fait un plongeon vertigineux ! Nous regroupons les tables autour du poêle chaud pour le dîner et sympathisons avec des voyageurs venus des quatre coins du monde : des irlandais s’enfilant bière sur bière, des anglais, un israélien, un flamand et un auvergnat … JJ au plus mal avec le mal d’altitude dort sous six couvertures et trois bouillotes.
La laguna Colorada
A présent nous vous offrons un bouquet final de paysages plus grandioses les uns que les autres ! Nous grimpons encore en altitude dans le décor martien du Sud Lipez. Nous flirtons quasiment cette fois avec les 5000 mètres d’altitude. Les Geysers Sol de Manana offrent un spectacle splendide au petit matin, avec leurs fumerolles blanches gigantesques se détachant dans un ciel d’un bleu incroyable.
Les geysers "Sol de Manana"
Nous barbotons ensuite longuement dans les thermes d’eau chaude en plein air de la Lagunas Polques dans le Salar de Chalviri. L’activité volcanique y garantie une eau à 37°C ! Bien au chaud dans l’eau, nous admirons le spectacle des montagnes qui se devinent derrière les vapeurs d’eau. Vraiment le saint des saints de se baigner ainsi à l’altitude du Mont Blanc. Nous restons une bonne heure dans cet endroit magique que nous avons pour nous tout seul.
Des termes d'eau chaude à l'altitude du Mont Blanc !
Traversée ensuite du Desierto de Salvador Dali. Appelé ainsi en raison des rochers aux formes surréalistes semblant venir tout droit de l’Espace : élégante coupes de pierres taillées par le vent, symphonie de couleurs chaudes, jardins japonais avec des pierres sphériques de plusieurs tonnes. Des troupeaux de vigognes (camélidés ressemblant à des grosses biches) parcourent le désert de Dali et on se demande vraiment ce qu’ils peuvent y trouver à manger tellement l’endroit semble aride et dépourvu de toute végétation.
Les formes étranges du désert de Dali
Troupeau de vigognes dans le Desierto de Dali
Nous arrivons pour le déjeuner au bord de la Laguna verde au pied du magnifique volcan Licancadur, véritable montagne du destin tout droit sortie d’un roman de Tolkien. La lagune est encore prise au trois quart dans les glaces. Promenade dans ce lieu sublime.
En route vers le volcan Licancadur !
Laguna Verde encore sous la glace et bain d'eau chaude !
Dans l’après midi, nous atteignons la frontière entre la Bolivie et le Chili. Là, à quelques 5000 mètres d’altitude sur un col battu par les vents, un petit cabanon fait office de poste frontière. Les trois gardes qui y vivent doivent vraiment y avoir une vie pas facile ! Peut -être ont-ils lus le Désert des Tartares de Buzzati pour passer un peu le temps ? Vraiment une atmosphère de bout du monde…
Au loin, côté Chilien, nous voyons notre taxi arriver. Nous faisons nos adieux à nos guides qui ont vraiment été de fantastiques pendant ce voyage en Bolivie.
Et voila, nous voici maintenant au Chili dans le désert d’Atacama. Mais ceci est une autre histoire …
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